Compagnie de la Bête Noire

Le Hibou

Le Hibou ⊢2008⊣

  • Prix de la ministre de la jeunesse
  • Coup de cour de la presse

(Rencontres de Théâtre Jeunes Publics de Huy 2009)

La nuit, les hiboux peuplent les rêves d’Agnès. Pour la fillette, leur image se confond avec le souvenir de son père, emprisonné pour inceste. Agnès vit depuis lors seule avec sa mere. Entre amour et culpabilité, rage et tendresse, mère et fille livrent leurs questions, leurs colères et découvrent leurs blessures. 
Il est des histoires qui s’achèvent une fois le coupable arreté. Il en est d’autres qui commencent là ou les premières se sont interrompues, comme pour dire : "non, la vie ne reprend pas comme si de rien n’était". C’est ainsi que débute le récit du Hibou. Qui interroge ensuite : Comment vit-on au coeur de la faute, qu’on en soit la victime, le témoin ou le bourreau ? 
C’est alors que surgit Pako, un jeune homme chargé lui aussi de son lot de questions : Suffit-il de payer sa dette pour parvenir a oublier le mal commis ? Parce qu’il faut l’accepter : la vie est une histoire que l’on ne peut recommencer.

"Il me dit qu’il s’est transformé en oiseau uniquement pour s’échapper discrètement de prison, parce que je lui manque et qu’il veut me voir. Mais il me picore et j’ai mal et je n’ose pas lui dire que j’ai mal parce que j’ai peur qu’il ne vienne plus."

Céline Delbecq, Le Hibou, Editions Lansman

 

Distribution

Texte et mise en scène Céline Delbecq | Avec Seb Bonnamy, Greg Fasbender, Emilie Puit, Charlotte Villalonga | Lumières Fred Limbrée ou Aude Dirkens

Production

Zététique Théâtre, Compagnie de la Bête Noire

Luc Dumont et Céline Delbecq se sont rencontrés lors d’une mission de Luc Dumont en tant que conférencier au Conservatoire de Mons en 2006-2007. Céline y avait alors écrit son premier texte de théâtre jeunes publics « Poussière ». Le Zététique a d’emblée souhaité soutenir le travail de Céline Delbecq. « Poussière » fut joué en mai 2007 aux Chiroux, au sein duquel le Zététique est en résidence. La compagnie en proposa aussi des extraits, mis en lecture aux Rencontres de Théâtre Jeunes Publics de Huy en aout 2007. Entre-temps, Céline Delbecq avait entamé l’écriture du Hibou, également destiné au jeune public. Le Zététique a choisi de soutenir cette nouvelle création. Par un suivi de l’écriture d’abord, un regard extérieur lors de la reprise de la mise en scene ensuite. Il l’a proposé en son nom aux Rencontres de Huy 2009. 

 

Le Hibou aborde par son histoire la problématique de l’inceste pédophile. Dans ce monde de l’inceste, tout est bouleversé : la vie c’est la mort, la mort c’est la vie. Le plaisir c’est la souffrance, la souffrance c’est le plaisir. La parole c’est le silence, le silence c’est la parole. Les enfants, c’est les parents, les parents c’est les enfants…. 
Le spectacle ne veut pas donner de leçon, plutôt, il présente la problématique sous des éclairages contrastés et nuancés : « Suite a plusieurs témoignages, faits divers et rencontres, j’ai eu envie de parler de la pédophilie incestueuse autrement que comme quelque chose d’immédiatement condamnable ; de blâmer l’acte sans maudire la personne. Je me suis questionnée sur qui pouvait « pardonner » la pédophilie incestueuse et les réponses trouvées se sont transformées en personnages. » 

SCENE VII


Même cauchemar. Agnès se réveille brusquement. 

AGNES : Pako ? Pako, c’est toi ? T’es la ? Pako ? Maman ! Maman !! 

Entre la mère, tenant toujours son sac à main

LA MERE : Chut, doucement Agnès, calme-toi. Qu’est-ce qu’il y a ? Parle-moi... Tu as fait un mauvais rêve ? Tout va bien se passer, je te promets. Parle-moi…

AGNES : Je fais tout le temps le même cauchemar. J’oublie de fermer la fenêtre et un hibou entre. Il me mange le ventre, ça me fait mal alors je l’arrache avec mes mains et à ce moment là, il me regarde et je me rends compte que c’est papa. Je touche ses cheveux et c’est devenu des plumes, et sa bouche qui me picore le ventre c’est un bec et tout mon ventre saigne. Je vois bien qu’il ne veut pas me faire mal, c’est le hibou qui prend le dessus sur lui. Il me dit qu’il s’est transformé en oiseau uniquement pour s’échapper discretement de prison, parce que je lui manque et qu’il veut me voir. Mais il me picore et j’ai mal et je n’ose pas lui dire que j’ai mal parce que j’ai peur qu’il ne vienne plus.

LA MERE : Et toi, tu veux qu’il revienne ?

AGNES : Oui

LA MERE : Le hibou ou papa ?

AGNES : Les deux. C’est la meme chose. 

LA MERE : Tu penses parfois a lui ?

AGNES : Oui, tout le temps.

LA MERE : Et tu te dis quoi ?

Silence.

LA MERE : Excuse-moi, recouche-toi, ce n’est pas l’heure des grandes discussions.


AGNES : Je me dis que c’est de ma faute s’il est en prison ; que c’est pas juste.

Silence.

AGNES : Je t’ai déja dit que plus tard je voudrais etre un héros ? 

LA MERE : Une héroïne ?

AGNES : Non c’est pour les fillettes ça, une héroïne, moi je serai un héros. Je serai juste avec tout le monde. Les petites filles iront en prison a la place de leur père et les prisons seront bleues !

LA MERE : Bleues ?

AGNES : Ou peut-être vertes ! Mais surtout pas orange.

[…]

"Dans Le hibou, c’est d’une écriture incroyablement assurée, tranchante, que Céline Delbecq évoque la question de la culpabilité qui peut toucher chacun de nous. (…) Remarquablement interprété par Charlotte Villalonga, Emilie Puits, Sébastien Bonnamy et Grégoire Fasbender, Le Hibou est, au-delà du texte, un spectacle fort, dérangeant, dépouillé et saisissant."

J-M Wynants, Le Soir, 22/08/2009.

 "Un jeu théâtral construit. Un texte d'une étonnante puissance littéraire. Et qui résonne, comme un chant meurtrier, du côté des ténèbres"

F. Lison – Le Courrier de l'Escaut, 18/04/2008.

 "Autre nom à retenir, celui de Céline Delbecq, grande découverte des Rencontres de Huy 2009. La jeune auteure et metteure en scène de la création du Zététique, "Le hibou", livre un texte tendu de bout à bout. A suivre d’un seul souffle."

L. Bertels, La Libre Belgique 25/08/2009.